Gilbert

Photographe : Erin Johnson, Ghana © CBM Australie 2014

Je m’appelle Gilbert, je viens du district Nord de Sandema Builsa au nord du Ghana.

Je suis né handicapé. Je suis atteint de paralysie cérébrale et cela me touche à bien des égards. Tout d’abord, cela affecte mes mouvements, cela a entraîné mon exclusion sociale, en particulier au niveau de ma famille.

Parmi les choses que ma famille m’a empêché de faire, il y a l’éducation.  Je n’étais pas autorisé à aller à l’école ou à recevoir des cours d’un professeur.

Je n’ai jamais été vacciné et même quand j’étais malade, je n’étais pas envoyé à l’hôpital.

J’avais une très mauvaise opinion de moi-même… si mes propres parents sont source de discrimination, en prenant soin de mes frères et sœurs mais pas de moi à cause de mon handicap, cela veut-il dire que je ne suis plus un être humain ? Je pensais : quelle est ma raison de vivre alors ?

J’avais 15 ans quand je me suis dit « écoute, ça suffit, je vaux plus la peine que n’importe quelle excuse. »  Donc j’ai bougé et j’ai lancé mon activité de riziculture.

Sandema CBR (une O.N.G. locale sur le terrain) a entendu parler de moi et a commencé à travailler avec moi. CBR est un des programmes qui m’a vraiment aidé à découvrir que je pouvais devenir propriétaire de quelque chose.

J’avais 20 ans quand j’ai commencé ma formation professionnelle. J’ai obtenu mes diplômes puis je suis devenu professeur grâce à la formation professionnelle.

Mon père me disait à propos du mariage : « Gilbert, tu dois faire une croix sur le mariage parce que personne ne voudra te donner sa fille ». Mais quand j’ai rencontré ma femme, je suis venu à la maison et j’ai l’ai dit à mon père parce que j’avais trouvé la bonne.

J’étais la première personne handicapée à se marier dans la région. Personne n’avait vu ça auparavant. Et de nombreuses personnes ont confirmé : la situation change. Car les choses que l’on voit d’ordinaire au sujet des personnes handicapées ont évolué et mon mariage en est clairement la preuve.

Je suis désormais président des associations pour les personnes handicapées (Disabled Peoples Organisations, DPO) de tout le district de Builsa Nord. Mon rôle de sensibilisation est de garantir que les personnes vivant avec handicap sont réellement intégrées, pour tout, et qu’elles se sentent comme tous les autres êtres humains.

Je vais dans les stations de radio et je leur dis ce que les personnes handicapées peuvent faire. À la radio, je dis aux gens : écoutez, le handicap n’est plus une infirmité ; c’est l’attitude de la société qui en fait une infirmité. Je suis assis ici, mes jambes ne me font pas souffrir mais c’est l’attitude des gens qui me fait mal au cœur.

Je dois sensibiliser les personnes handicapées au fait qu’il n’y a rien qui peut les empêcher de faire ce qu’elles veulent.  Chaque contribution est importante. Mon savoir doit être partagé. J’ai besoin de contribuer à ma façon même s’il y a déjà beaucoup de professeurs. Ils n’ont peut-être pas mon savoir. Vous devez avoir le courage de participer au développement du district, de la communauté et plus largement à celui de la société également.

Je suis un homme heureux, je suis très fier d’être toujours prêt à faire ce dont je suis capable.

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